En 1944, l’armée allemande contrôle le littoral français sous différentes formes : par ses unités navales réparties dans les ports, par ses stations de radio détection étalées le long des côtes et par ses batteries d’artillerie afin d’empêcher tout débarquement. L’artillerie côtière regroupe deux types de batteries : les batteries appartenant à la Kriegsmarine et celles dépendant de l’armée de terre. Les premières sont dirigées par le commandant du secteur côtier de la marine (Seekommandant). Dans notre région, ce secteur s’étend de la Seine à la Somme et est dénommé Seeverteidigung Seine-Somme. Il est dirigé par le Korvetten Kapitän von Tresckow dont le poste de commandement est situé à Sainte-Adresse. L’artillerie côtière de l’armée de terre dépend, elle, des commandants des unités terrestres en place sur le littoral. Lorsqu’il s’agit d’une forteresse comme Le Havre, elle est dirigée par un commandant d’artillerie sous les ordres du Festungskommandant (commandant de la forteresse). En 1944, le colonel von Steinhart dirige de son P.C. situé rue Chef de Caux sous le Fort de Sainte-Adresse, trois unités d’artillerie : - le H.K.A.R. 1254 (Heeres Kusten Artillerie Regiment 1254 - régiment d’artillerie côtière n° 1254) composé de trois batteries dont les canons vont du 105 au 170 mm ; - les H.A.A. 1149 et 1150 (Heeres Artillerie Abteilung - bataillons d’artillerie terrestre) dont les batteries ont été réparties autour de la forteresse pour soutenir les points d’appui d’infanterie. Ces batteries, au contraire des premières sont équipées d’obusiers permettant de faire feu au-dessus des premières lignes de défense. Le P.C. de l’artillerie de l’armée de terre est en étroite relation avec celui de la marine et le commandant de la forteresse. C’est de cet endroit que sont donnés, dès la nuit du 5 au 6 juin 1944 les premiers ordres de tir sur les navires de la flotte alliée s’approchant trop près du Havre... Pendant les mois de juin et juillet, les tirs ne cesseront. En août, les batteries d’artillerie côtière couvrent la retraite des navires allemands remontant vers les ports du Nord. Enfin, en septembre 1944, les batteries ouvrent le feu sur le moniteur Erebus et le cuirassé Warspite, venus soutenir l’assaut allié terrestre. Description du bunker actuellement : (l’ouvrage est situé à l’extrémité de la rue Chef de Caux à Sainte-Adresse). Long bâtiment à trois niveaux, l’ouvrage est parfaitement intégré dans le site par l’adjonction sur ses murs en béton, de blocs de silex qui le rendent parfaitement invisible du large. Il est de plus, comme le montre la photo ci-dessous prise en septembre 1944, caché par des filets de camouflage. A l’intérieur, les deux premiers niveaux regroupent plusieurs pièces : salles de cartes, de transmission, de repos et sanitaires. Le troisième niveau est constitué d’une salle d’observation ouverte sur le large par une large baie. Derrière celle-ci, des observateurs équipés de jumelles binoculaires et un télémètre, permettaient de déterminer les coordonnées des cibles afin que les ordres de tir soient transmis aux batteries d’artillerie. L’ouvrage appartient actuellement à un propriétaire privé parisien qui le loue aux Scouts Marins pour entreposer leur matériel . Cependant, passionné de sa ville et de son histoire, ce propriétaire est tout à fait favorable à une remise en état du site dans le but de visites ; il a d’ailleurs fait preuve d’un grande complaisance au cours des Journées du Patrimoine 1998 puis 2000, en ouvrant les portes de ce grand bunker aux visiteurs. Ces derniers, qui ne supposaient pas pour la plupart la présence d'un tel ouvrage au Havre, ont été complètement surpris par ses dimensions mais aussi par le vaste panorama qu’il offre depuis son toit. Le poste de commandement rue Chef de Caux photographié par les troupes américaines après la libération. Il possède encore ses filets de camouflage. La grande fenêtre d’observation est visible au troisième niveau.
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